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glou glou

Le miroir aux beaufs (story)
07/05/2001

L'Occident de nos petites vies vient de s'apercevoir. Là, à travers l'étrange lucarne, on râle, on baille, on en parle, on s'étonne, on s'indiffère. De quoi s'agit-il ?
Si j'ai bien compris (n'ayant plus depuis longtemps de lucarne), il s'agit d'observer un aquarium électronique plein de quidams volontaires pendant quelques mois. Que vont-ils faire ? Vont-ils s'aimer ? Peut-être un peu de cul ? Des dialogues ?
Pas de quoi en faire un plat. Du cul, ça fait longtemps qu'on en voit. Ceux qui s'en plaignent à droite sont folles de la messe, ceux qui s'en plaignent à gauche croient au petit Jésus.
Des dialogues ? D'après ce que j'ai pu en lire (n'ayant plus depuis longtemps de lucarne), on atteint le niveau de "Ok podium", c'est à dire celui, quasi-général, des adolescents de la petite France. De ceux à qui l'on offre un bac G et un téléphone portable.
Alors, pourquoi donc faire un plat de ce plateau de fruits de mer congelés ?
Il y a sans doute des dizaines de raisons, à la manière d'une liste de courses.
- l'Occident n'a pas grand-chose à se dire.
- une caméra de surveillance, et voilà les analphabètes qui nous citent Orwell en anglais. Les pauvres. Le grand Georges doit se retourner dans sa tombe.
- la vulgarité. Oui. On en est saturé. Quoi de neuf ?
- la médiocrité du propos, du concept. Il est vrai que les talks-shows et autres émissions télévisuelles n'en étaient pas arrivées là.
- le voyeurisme. Et alors ? Il y a quelques jours encore, alors que je passais chez un ami, nous avons admiré les seins de la voisine d'en face, de jolis seins bien ronds et bien visibles à travers un rideau transparent. Des types en-dessous jouaient aux cartes dans un café parisien. Un néon rouge, la nuit. Puis la fille nous a montré des fesses trop plates. On a rebu un coup. Le voyeurisme, un privilège occidental. Afghanistan ?
-le rapport à la mère. Ben oui, les psychanalystes médiatiques ont trouvé un filon (Serge Tisseron). Il paraît qu'il faut plaire à ses parents parce qu'eux, ils regardent.
Ne cherchons plus. Au pays de Rika Zaraï, de Mireille Mathieu, de la techno et du rap français, au pays de la médiocrité heureuse, on reproche à une émission une chose fondamentale : elle nous montre la France (et l'Occident avec). La France et l'Occident avec, cette médiocrité de masse, ces beaufs qui rêvent de piscines et de maquillages, ces obéissants parfaits qui n'ont même plus besoin de réforme militaire.
On nous dit "Voilà où nous en sommes".
Mais on le savait déjà.

Grosse Fatigue
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