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En finir avec Bourdieu


glou glou

Alain PEYREFITTE
20/09/2000

Sa contribution positive au 20ème siècle aurait pu être la création des écrans 16/9 : car il faut dire que ses oreilles dépassaient largement du cadre quand il passait à la télé. Et Dieu sait qu’il y passait souvent. Il y était même omniprésent. On dit aussi que la forme de ses oreilles aurait servi de maquettes pour la confection des satellites géostationnaires, mais ça, j’en suis moins sûr.

En tout cas, notre Alain aura été un grand homme de communication, bien avant que la communication ne devienne notre oxygène de rechange. C'est ainsi que, ministre de l’information du Général dans les 60’s, il inventa l'interactivité, ce en quoi il était en avance sur son temps : un passage du journal télévisé déplaisait au Château ? il décrochait illico son téléphone pour le censurer. Il est vrai qu'à l'époque l’ORTF, c’était la voix de la France, la France, c’était de Gaulle, et Peyrefitte en était le servile valet, en quelque sorte son haut-parleur haute fidélité. Plus tard, devenu ministre de la justice en récompense de ses bons et loyaux services, il compta parmi les plus zélés défenseurs de la peine de mort et fit voter une étrange loi " anti-casseurs " qui, en restaurant le principe de la responsabilité collective, cherchait à nous faire respirer un parfum de Moyen-Age, une fragrance d’Ancien régime. En 1981, l'entrée des chars russes à Paris s'annonçant imminente, il entra en résistance et devint pigiste au Figaro, où il s'appliqua à y défendre les idées les plus conservatrices, ces idées-même qu’une certaine France, celle qui n'aime les immigrés que sur les terrains de football, plébiscitait.

Ce portrait serait incomplet si l'on passait sous silence Peyrefitte le grand essayiste, à qui l'on doit plusieurs éminents ouvrages sur le mal français, l’éveil de la Chine ou les origines de la croissance économique. Bien sûr, ces essais, il se contentait de les signer : c’est que notre Alain aimait piller les autres et employait quelques nègres à son profit. C’est cependant à ce titre qu’il finit à l’Académie française, ce grand mouroir pour intellectuels fatigués, qui sert aussi d’annexe au Figaro-Magazine. Bref, Alain a de la chance qu’on lui consacre ces quelques lignes dans une obscure page du web, car dans 20 ans, c’est sûr, on l’aura complètement oublié.

Vandale
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